
Sixième jour : Fazao-Natitingou C'est l'Eden. Je me lève à 7 heures, pose les yeux sur zuelques collines. Il y a des lauriers, des bougainvilliers, du ga-zun. Le jardinier se brosse les dents avec du bois de halo. F::ïcia en chemise de nuit blanche lit les Saintes Ecritures. Il y a aussi près d'elle « My living counselor » - mon guide quotidien - qui pour chaque jour de l'année prévoit un texte biblique à méditer. Elle est méthodiste. Elle dit : - Donne-moi ton adresse, je te l'enverrai. - Felicia, comment expliques-tu le Mal, si Dieu existe? Dieu a créé des autoroutes; ce n'est pas de sa faute si l'homme est mauvais conducteur. Elle dit : - Bientôt, il mettra fin à ce monde. Il en créera un nouveau. Je serai dans celui-là. Elle aime aussi le livre de Harold Hill How to live like a king's kide - Comment vivre comme un enfant de roi. Felicia dit . - C'est l'histoire d'un homme très riche. Il vivait à Baltimore. Il ne trouvait pas la paix dans son cceur. A plus de quarante ans, il découvrit Dieu. Je dis que je connais un Américain dans ce cas. Elle me tend l'ouvrage. Elle dit : - Tiens. Lis-le. Sur la page de gauche elle a écrit : « Ce livre est précieux pour moi. Felicia. » Je viens de découvrir mon culte, lire la Bible chaque jour. Je dis : - Le livre de Job est mon préféré. On nous distribue des prospectus sur le Togo. Les commerçants européens vinrent sur les côtes au xve siècle pour trouver des esclaves; en tête les Portugais, suivis des Allemands, Français, Britanniques. D'où le nom de Fazao où nous avons dormi. A Natitingou, il y a devant l'hôtel un caoutchouc avec des racines très enlacées. Le patron blanc a vécu toute sa vie en Afrique. Je dis : - Ce serait dur pour vous de revivre en France. Quand on est né sur le pouls de l'Afrique où tout est grand, dur, beau, même les calamités, l'Europe doit sembler exiguë. |